imageLa fin tragique du régime d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK) est la suite logique et la résultante d’une longue crise sociopolitique et sécuritaire qui a atteint son paroxysme avec les évènements du 18 août 2020.
Le renversement intervient dans un contexte d’impasse et d’incertitude qui constitue l’aboutissement d’un malheureux processus de désarticulation du système politique et d’affaissement de l’économie, accentués par des troubles sociopolitiques dans un contexte de crise de confiance entre les populations et les acteurs politiques.
A cela s’ajoute une crise sécuritaire et humanitaire qui se traduit par des attaques perpétrées par
des groupes terroristes, des violations massives des droits de l’homme et du droit international humanitaire, principalement au Nord, au Centre et à l’Est du pays.
Confronté à une succession de crises et une pluralité de menaces, cet imbroglio dans lequel il est empêtré depuis 2012 et dont il ne s’est pas encore relevé, le Mali, à l’instar de tous les pays du monde, fait face aujourd’hui à une nouvelle crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de COVID-19. Malgré les mesures sociales prises pour soulager les populations
des conséquences de la pandémie, celle-ci a des répercussions directes sur leur vie et leur sécurité.
Il convient de rappeler que la crise politique d’août 2020, ayant conduit à la chute du régime d’IBK et la mise en place d’une transition, est le produit de toutes ces difficultés.
L’adoption en septembre 2020 de la Charte de la transition et la mise en place des organes de mise en œuvre constituent une opportunité pour écrire un nouveau chapitre dans l’histoire politique du Mali.

Quelle est la place des droits de l’homme, de la justice et de l’Etat de droit dans l’agenda des autorités de la transition ?
En effet, la stabilité du Mali, son développement éco- nomique et son progrès social requièrent la protection de la dignité humaine et le respect des principes qui régissent l’Etat de droit, notamment une justice fonc- tionnelle et accessible, capable de traduire les auteurs de violations graves des droits humains.
Il s’agira, pour les autorités de la transition, d’assurer la stabilité, la réconciliation nationale et la création d’institutions solides et durables, afin de bâtir une société basée sur la justice et la cohésion sociale.
Suite aux violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, aux massacres et autres atrocités qui ont rythmé l’histoire récente du Mali, il
appartient à l’Etat malien, précisément aux autorités de la transition, de garantir un accès à la justice
pour toutes les victimes. En effet, au regard du droit international et pour se conformer à son obligation de protéger, l’Etat doit assurer à ceux qui affirment être victimes de violations des droits de l’homme et/ou
du droit international humanitaire l’accès effectif à la justice, dans des conditions d’égalité. Il doit, au besoin, agir sur sa législation interne pour permettre aux victimes de violences et de traumatisme de bénéficier d’une sollicitude et de soins particuliers.
Profondément attachés aux principes et valeurs qui régissent la société internationale, la FNF, la FCR et la Division des Droits de l’Homme de la MINUSMA, co- organisent cette 8ème édition de la session de Bamako sur le Droit international pénal, afin d’offrir aux défenseurs des droits de l’homme la possibilité de mieux se familiariser avec les instruments internationaux de protection et de promotion des droits de l’homme et du droit international pénal.
L’action de la FNF répond à une exigence de la République Fédérale d’Allemagne qui veut contribuer à la stabilisation du Mali et au renforcement des structures démocratiques.
L’engagement de la FRC s’explique par son attachement à la protection et à la promotion des droits de la personne humaine ainsi que son souci d’améliorer la performance des systèmes judiciaires, conformément aux ambitions de son fondateur René Cassin. L’implication de la MINUSMA se justifie par l’adoption de la Résolution 2480 du 28 juin 2019, par laquelle le Conseil de Sécurité des Nations Unies avait décidé
que la principale priorité stratégique de la MINUSMA demeure d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Paix de 2015. Cet Accord, dont la mise en œuvre incombe aujourd’hui aux autorités de la transition, reste, pour le Secrétaire Général et les membres du Conseil de Sécurité, « le cadre pertinent pour les réformes institutionnelles nécessaires et urgentes ».
Il s’agit, à travers l’organisation de cette session, de contribuer à la promotion d’une justice internationale efficace et impartiale fondée sur la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves, mais aussi au respect de la dignité humaine et de la règle de droit dans nos sociétés.
Il convient de créer un cadre de dialogue et de réflexion pour l’émergence d’une nouvelle citoyenneté qui repose sur l’égalité en droit et en devoir, mais surtout devant la loi.
La session s’articule autour d’une série de cours fondamentaux, magistraux, des séminaires, des cours thématiques, des conférences spéciales, des cas pratiques et des simulations. Durant cette semaine, des side events seront organisés à différents endroits de Bamako.